Critique d’art

ODE

Artiste du Vivant

Parole d'une Critique d'art

Mes Arts Numériques Intuitifs examinés à la loupe

Écrire le secret du monde

L’« ode » : poème lyrique destiné à être chanté ou accompagné de musique, poème souvent destiné à la gloire des dieux, des héros ou de la nature …

Le nom que l’artiste a choisi pour signer son travail n’est pas anodin. D’une photographie à l’autre, ODE décline les merveilles du vivant. Tel le poète dont le souffle vient d’en haut, elle est le témoin privilégié de pans entiers de vies que le regard commun ne saisit pas. Elle fait un pas de plus que nous vers leur enchantement. En témoignent les titres qu'elle donne à ses séries photographiques, dans lesquels les jeux de mots, véritables enchâssements de sens, invitent au décryptage.
L'appareil photographique est l'instrument d'une percée à travers le voile des apparences. Il va trouver ce lieu où se rejoignent l'intimité du vivant (qui peut aller jusqu'à l'érotisme) et l'intériorité de la photographe : au point précis où se produit la rencontre, se dégagent la densité inépuisable de la vie et une sérénité profonde.
Dans le secret des fleurs, des animaux, de l'eau vive, de la glace, du feu, de la pierre et du bois, se révèle une nature habitée, parfois surprenante, qui s’émeut jusqu'à l'effervescence.
La photographie est ici comme cette parcelle infime déposée par le biologiste sur une fine lame de verre, et qui explose de couleurs et de formes sous la lentille du microscope. La nature y est libre, en mouvement perpétuel ; y affleurent des mystères passés et des étonnements futurs ; et l'écriture photographique, travaillant les textures, la retranscrit dans chacune de ses vibrations, de ses glissements, de ses raffinements.

LE CHAMP DE LA VÉRITÉ

Anne Malherbe Critique d’art et conseillère en art
https://occhiata-studio.art/

« ODE ou la voie de métamorphoses »

S’enfoncer progressivement dans l’émerveillement du monde et de ce qu’il recèle : ainsi procède le travail de ODE.

Telles les racines d’un arbre de Vie, ses œuvres photographiques s’ancrent profondément dans le terreau de la nature et, tout particulièrement, celui des quatre éléments. La première étape de son œuvre, quel qu’en sera ensuite le résultat, est d’approcher l’élémentaire et d’en saisir les offrandes. Tels les rameaux de ce même arbre, son travail se développe ensuite selon un chemin de métamorphoses progressives. C’est ce qu’on voit se déployer avec les deux séries actuelles de l’artiste, celle des « KAléidoscopie » et celle des « AVAtart ».

ode reflet d'acheron
LE REFLET D'ARCHÉRON

Prenons LE REFLET D'ARCHÉRON. Il s’agit du premier moment. Déjà, pourtant, celui-ci montre autre chose que ce que l’œil nu décèle. Si l’on devine de l’eau, des pierres, l’eau y paraît épaisse comme un cristal, configurée en une délicate carapace d’insecte, accueillant des reflets dans sa propre matière. La prise de vue a déjà opéré son alchimie, à moins que ce ne soit la nature elle-même qui se soit livrée différente à l’objectif. Quel lien entre cette image et LE CHAMP DE LA VÉRITÉ, qui est le deuxième moment ?
Entre temps, sont intervenus les agencements permis par les logiciels informatiques. On reconnaît les couleurs initiales, mais les formes ont changé, comme déployées sur un tapis. C’est la transformation. Ailes de libellules, idoles, œuvre d’un orfèvre inconnu : s’agit-il, comme avec le jeu de miroirs d’un kaléidoscope, d’une simple illusion ? Et si l’illusion nous ouvrait à un degré supérieur de vérité ?

LES JUGES DES ENFERS

Le pas suivant est franchi avec LES JUGES DES ENFERS, qui nous fait pénétrer dans la matière même de ce jeu de formes et nous en fait appréhender le potentiel. Celui-ci, en offrande ultime, livre ses richesses avec COSMAYA. Grâce aux filtres informatiques, fibres, reflets et vibrations y laissent entrevoir les mystères de la matière et de la transmutation. Alchimiste des temps modernes, ODE, dans une dialectique entre nature et informatique, entre ce qu’elle voit et ce qui lui est révélé, orchestre et se laisse orchestrer, informe et se laisse métamorphoser.

COSMAYA

Anne Malherbe Critique d’art et conseillère en art
https://occhiata-studio.art/

substrats
Mon ardeur créative - Dessein artistique - Temps de pose - Critique d'art